“On essaie de faire notre place sur ce territoire, on ne veut pas juste y prendre quelque chose et partir. On veut entrer dans le cœur des gens pour que, quand les petits d’aujourd’hui auront grandi, ce qu’ils ont vécu avec nous reste gravé comme un beau souvenir d’enfance”: Benjamin Guignet et Réuel Cincotta, fondateurs de Bayou Canoë, à Sérignan.

Un sourire en coin, ils vous racontent comment, à la fin d’un de leurs voyages, un copain vigneron “pas frais”, croisé à l’aéroport de Palerme après un mariage, leur a suggéré de lancer une activité de canoë sur l’Orb, dans le secteur de Sérignan, d’où il est originaire.

”Le projet est né à l’aéroport, on l’a développé dans l’avion, à l’atterrissage il était bouclé” résume Réuel.

“Nos balades en canoë sont garanties sans rapides”, c’est d’ailleurs là l’originalité de leur activité. Le fait aussi, que les sorties sur le fleuve s’achèvent à la mer : calme et sérénité sur l’eau apaisée“ça attire une autre clientèle : des jeunes avec des enfants, et même des “traumatisés du canoë” qui se lancent dans l’aventure avec nous”.

Il a fallu à Ben et Réuel du courage, un optimisme “stratosphérique” – que les confinements n’ont en rien entamés -pour lancer Bayou Canoë, au printemps 2020 ! “Première saison encourageante malgré tout”, diagnostique Ben, “on sait, on sent, qu’on est arrivés au bon endroit, au bon moment”. 2021 ? “Globalement positive” continue Réuel, “la saison a commencé plus tard, mais elle a duré plus longtemps. Tout va bien”.

“on sait, on sent, qu’on est arrivés au bon endroit, au bon moment”.

Ils reviennent donc au printemps 2022, avec leur flotte d’une trentaine de canoës “on n’en achètera pas plus. Parce qu’on est respectueux de la rivière et de son environnement explique Ben. “On ne lance jamais plus de 16 personnes ou 8 bateaux au même endroit”. Afin que les pagayeurs aient le temps “de comprendre l’histoire de ce territoire. De l’Orb on voit les vignes, les pompes qui y amènent l’eau, la réserve naturelle, on comprend l’importance de sauvegarder les Orpellières, les bestioles et les platanes des Anciens. Voilà quoi…” s’enthousiasme le duo. “ En clair, on n’a pas envie de mettre des touristes sur un bout de plastique et de les larguer là.” martèle Réuel.

Benjamn, Réuel et leur canoë -Bayou Canoë

Cette année, ils ont exploré le fleuve vers l’amont, jusqu’aux moulins de St Pierre (au sud de Béziers), créé un nouvel itinéraire : “pagayer dans ce secteur c’est fabuleux. Ce moulin, édifice d’origine wisigothique, est un bijou caché : on ne le voit que du fleuve”. Alors, heureux sur ce bout de littoral ? “Ce qu’on aime ici, c’est traverser les Orpellières à la tombée de la nuit : voir les Pyrénées, l’eau comme un miroir, les bateaux de pêche sur l’Orb. Toute cette ambiance quoi, ce sont des instants privilégiés. Tiens, d‘en parler, ça me file des frissons” sourit Ben. Pour Réuel ”c’est aussi un des rares morceaux du littoral languedocien qui soit encore préservé”. Benjamin y aime “cette atmosphère qu’on trouvait dans mon enfance, quand on allait aux Aresquiers. J’adore !”

“Ce qu’on aime ici, c’est traverser les Orpellières à la tombée de la nuit : voir les Pyrénées, l’eau comme un miroir, les bateaux de pêche sur l’Orb... »

Il n’y a donc pas de hasard : tous deux nés à Montpellier, hors saison Ben habite Anduze, Réuel à Villeneuvette mais, de mars à septembre, leur patrie c’est Sérignan. Ils y participent régulièrement aux nettoyages des plages, du fleuve,“on savait qu’entre nous ça marcherait, on s’est lancés en confiance, dans une région qui nous parle, où l’on a de vraies attaches et où il y a des choses à faire” conclut Réuel.

Monique

Comme un chat, elle a eu plusieurs vies ici et là, vécu des histoires et des moments d'histoire. Mais toujours, dans les regards, les sourires, les mots comme dans les livres, les archives des pays, territoires et villes qu'elle a parcourus, elle a tenté de saisir la "substantifique moelle" (chère à Rabelais) des lieux et des gens. Et elle aime les raconter, ces grandes et petites histoires...