C’est Samantha de Castro, la directrice du tout nouvel hôtel-restaurant de Béziers, qui l’affirme avec force, comme un acte de foi, sinon une évidence. L’art du paradoxe est peut-être ici de réconcilier les mots, les vocations du lieu. Outre son environnement, c’est peut-être aussi ce qui en fera le succès…

Samantha de Castro et Tatiana Halimi, les 2 "drôles de dames" de La Prison
Samantha de Castro et Tatiana Halimi, les 2 « drôles de dames » de La Prison

Juché à la proue de l’acropole biterroise, sur son éperon rocheux dominant la vallée de l’Orb, veillé par la masse tutélaire de la cathédrale, l’hôtel-restaurant La Prison entame crânement sa nouvelle vie.

Une vue imprenable sur Béziers

L’Hôtel La Prison en plus d’être un lieu atypique, nous offre une vue exceptionnelle sur Béziers.

« Le projet est né il y a quelques années explique Tatiana Halimi, directrice d’exploitation du site, avant le confinement de 2020, lorsquela ville de Béziers a annoncé vouloir vendre le bâtiment, et nous a proposé de le visiter. L’architecte Philippe Bonon est venu sur place et il a contacté Mando Hospitality, notre société, qui a dit : banco ! Parce que transformer cet endroit pour le moins atypique en lieu de vie, ouvert et lumineux, était un sacré beau défi ». Tout à fait dans les cordes de Mando Hospitality (Mando comme la contraction de « manger » et « dormir »), qui n’aime rien tant que les édifices… pas ordinaires, pour leur donner une nouvelle vocation.

Alien et les meubles de mère-grand

Samantha de Castro aussi, est persuadée que l’ancienne prison peut maintenant « revivre, avec une énergie joyeuse, positive, dans un environnement incroyable : le bâtiment lui-même est extraordinaire, mais regardez aussi autour ! La vue sur l’Orb et la vallée, jusqu’àla mer ; la cathédrale ; le jardin des évêques, cet écrin en pleine restauration ;le cheminement doux… ».

Sans oublier quel’hôtel-restaurant se veut aussi un lieu « que les Biterrois vont avoir plaisir à s’approprier, parce qu’on ne manque pas de projets : on débute avec une exposition de la peintre Dominique Renson ; nous travaillons aussi avec le Conservatoire Béziers Méditerranée pour imaginer des choses autour de la musique ». Et puis côté art… on est par exemple accueilli, à l’entrée de l’hôtel, par une sculpture « d’Alien » (oui, le monstre du film de Ridley Scott, 1979) réalisée avec des bouts de chaîne de vélo et autres objets de « bric à brac ». Epatant…

La décoration de l’hôtel aussi, casse les codes standard de l’hôtellerie, et humanise l’édifice, dont les portes de cellules et la galerie qui court autour sur 2 étages… pourraient susciter un frisson sur l’échine de certains : tout le mobilier ou presque a été chiné, avec une prédilection pour le style des années 50-60 (il suffit d’approcher de la banque d’accueil en bois, verre et formica, pour s’en persuader).

C’est l’effet recherché d’ailleurs : « les clients se souviennent tous avoir vu chez leurs parents, grands-parents, certains des meubles qui occupent les chambres, les salons, le restaurant » sourit Samantha de Castro. « Trouver tout ça a été un travail de titan aussi, ajoute Tatiana Halimi, « Max Bonon a écumé les brocantes pour trouver la centaine de tapis qui couvrent une partie des sols, les canapés, les fauteuils, lampes de chevet etc. Il a même fourni des dizaines de ses propres livres pour « peupler » la bibliothèque ». L’un des rares meubles « non-chiné » est l’immense canapé en velours côtelé jaune d’or, qui orne le rez-de-chaussée et occupe la vue, des coursives des étages supérieurs.

Et vogue le navire !

On ne s’étendra pas sur le gigantesque chantier de restauration mené durant presque 18 mois : du terrassement « dont la poussière rendait l’atmosphère irrespirable » se souvient Tatiana Halimi, « à la grue mise en place pour acheminer les matérieux de recréation du jardin des Evêques, et que l’on nous a gentiment permis d’utiliser, pour faire arriver lits et mobilier jusqu’à l’hôtel » insiste Samantha de Castro. On restera discret aussi sur toutes les difficultés liées à la modification, la rénovation, l’adaptation de locaux aussi anciens, particuliers…

Désormais néanmoins, ces deux « drôles de dames » président à la destinée d’un nouveau fleuron hôtelier biterrois, avec une légèreté, une énergie communicatives… qui masquent simplement un redoutable professionnalisme.

Réserver et s’y rendre

HOTEL LA PRISON
Place des Albigeois
34500 BEZIERS

+33 4 48 14 03 53

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*L’hôtel ne possède pas de parking mais vous pourrez bénéficier du dépose-minute.

La Prison, en bref

  • Année d’ouverture de la Maison d’Arrêt : 1867
  • Usage : prison, jusqu’en 2009, aujourd’hui hôtel-restaurant
  • Superficie : 4 000 m²
  • Nombre de chambres : 50, de la cellule (13m2) à la suite (60m2)
  • Propriétaire : Mando Hospitality, propriétaire de 6 autres établissements à Paris, Marseille et Montpellier (hôtels, brasseries, café…)
  • Architecte : cabinet A+ Architecture
  • Durée des travaux : 18 mois
  • Coût des travaux : 8 millions d’€
  • Mobilier : + de 100 tapis, des centaines de meubles (années 50 à 70 et oeuvres contemporaines), objets de décoration, livres…
  • Prix des chambres : de 77 à 210 €
  • Restaurant : menu complet 26 € à midi, 32 € le soir, formules entrée/plat ou plat/dessert à 22 €, le midi. Chef : Mathieu Bessière. Cuisine : méditerranéenne avec des touches d’originalité, et des ingrédients frais, locaux, de saison.

Monique

Comme un chat, elle a eu plusieurs vies ici et là, vécu des histoires et des moments d'histoire. Mais toujours, dans les regards, les sourires, les mots comme dans les livres, les archives des pays, territoires et villes qu'elle a parcourus, elle a tenté de saisir la "substantifique moelle" (chère à Rabelais) des lieux et des gens. Et elle aime les raconter, ces grandes et petites histoires...